Que signifie « kung fu » ? pourquoi certains parlent de « wushu » ? et le » tai chi » ? « Tai chi chuan » ou « taiji quan » ? chi gong ou Qi gong ?
Mais qu’est ce que c’est que ces chinoiseries ?
Introduction :
Avant toute chose, un peu d’étymologie afin de rectifier une erreur occidentale, due à un certain usage de l’expression « kung fu » notamment au cinéma.
Kung-Fu est une association d’idéogrammes chinois qui signifie « temps » et « énergie » (avec une notion d’accomplissement) : 功 夫
Le Kung-Fu est un état d’esprit qui reflète en partie la culture chinoise telle qu’on peut la découvrir à travers la lecture de Lao Tseu ou encore Confucius … Une culture pluri-millénaire d’une grande sagesse, d’un grand recul, qui est à l’origine de nombreuses découvertes de l’humanité … Souvent reprises et copiées .
Kung-fu signifie : passer du temps et consacrer beaucoup d’énergie et d’intention dans une pratique .
On peut ainsi avoir un bon « kung fu » en piano, ou en cuisine par exemple .
Venons en au Wu Shu :
– l’idéeogramme « wu » 武 est constitué de deux clés : « Zhi » ( arrêter/cesser) et « Ge » (lance/javelot / armes en général)
– l’idéeogramme « Shu » 術 signifie « ensemble de techniques »
Les sens originel des arts martiaux chinois est donc de faire cesser l’usage des armes ou de la violence armée , afin de préserver un territoire et on peut résumer l’expression » wushu » en « techniques martiales » .
Kung Fu Wu Shu signifie donc « pratiquer les techniques martiales en y mettant de l’énergie, et de manière assidue dans le temps ».
Le Kung Fu Wu Shu ne peut cependant pas se résumer à un agrégat de techniques martiales répétitives en vue de gagner une rixe , car ces techniques s’adossent à des millénaires d’histoire et de culture .
Le wushu n’est qu’une éventuelle finalité d’un ensemble de pratiques qui permettent , par delà le caractère martial et en amont de toute violence, de maintenir un bon niveau de vitalité , et une perception réaliste de la justice et de l’humain dans une perspective de constante prévention et de préservation .
Ainsi pour que la pratique soit complète et holistique , on peut la diviser en deux aspects :
– Les arts externes (wushu et déclinaisons de styles de combats purs)
– Les arts internes (Taichi / Qigong / Yi Chuan )
Les arts externes :
Le Wu Shu est constitué de l’ensemble des techniques externes de défense et de contre-attaque avec ou sans armes qui permettent de faire cesser la violence .
L’inspiration qui a donné naissance à ces techniques est issue directement de l’observation des animaux et de la nature .
Ces techniques regroupent :
– Des techniques de blocages et de parades
– Des techniques de percutions poings/pieds/coudes/genoux/ doigts/tête….
– Des techniques de balayage / déséquilibre / projections
– Des techniques au sol
– Des techniques de clés articulaires d’immobilisation /soumission
Les arts internes :
Il est inconcevable d’omettre ces pratiques internes dans l’approche des arts martiaux chinois , car au delà de l’aspect « combat » , les arts martiaux chinois intègrent pleinement la notion de santé, et de vitalité .
Le Tai Ji Quan 太極拳 ( Boxe du faîte suprême ):
c’est un travail lent que l’on peut voir comme une gestuelle de santé destinée a acquérir une bonne mobilité articulaire ainsi qu’une certaine souplesse et qui est aussi un art martial interne , dont chaque mouvement peut être plusieurs techniques .
Ce travail permet d’acquérir le geste juste dans sa lenteur , faisant ainsi travailler les parties du cerveau liées aux comportements ancestraux ce qui permettra au pratiquant de le reproduire de manière très rapide , dans un arc réflexe, sans avoir à le conscientiser au préalable.
Un travail salvateur aussi bien dans le postural et les gestes quotidiens, que dans le cas d’une agression nécessitant une réaction prompte et efficace .
Le Qi gong (氣 功 ):
Le Qi gong ,qu’il soit à usage martial , ou pratique de santé; est un travail de postures, de respiration, de conscientisation et de mobilité interne et profonde (travail sur le système endocrinien , les organes, les tendons ….) .
Ce travail permet entre autres, de ré-aligner la structure osseuse, et d’atteindre et reprogrammer es parties du cerveau liées aux comportements ancestraux.
La différence d’avec le tai chi quan réside dans le fait qu’il n’y a pas d’enchainements de déplacements et de mouvements qui codifient des techniques martiales … il s’agit, a travers le qigong, d’effectuer un travail interne de renforcement de la santé, de la vitalité, et de la résistance des organes, tissus , ainsi que de la moelle et des os .
L’ensemble du travail de Qigong permet de conserver une posture (qu’elle soit physique ou mentale) stable , enracinée et aussi connectée au ciel …le tout favorisant la circulations des différents flux énergétiques et physiologiques le long des méridiens , et au sein des organes et autres composants du corps .
Le Qi gong martial permet ainsi de mieux encaisser les coups et d’être bien enraciné et aligné lors de phases clés (déséquilbrer, finaliser une clé, etc.)
le Qi gong en général améliore aussi la solidité et la souplesse des tendons et fascias, et permet d’aborder la méditation .
Qu’il s’agisse de Wu Shu, de Tai Ji de Qi gong ou d’autres pratiques martiales /énergétiques/shamaniques d’Asie de l’est, d’Asie centrale ou de sibérie Il existe des centaines , voire des milliers de techniques internes et externes , regroupées dans de grandes familles géographiques .
On sait par exemple, que certains styles du nord sont basés sur des coups de pieds sautés et des techniques « spectaculaires » du fait de l’usage des chevaux dans de grandes steppes , et une faible densité de population, alors que certains styles ont des spécificités inhérentes à une grosse densité de population, soit des villes avec beaucoup d’endroits surpeuplés et exigües.
Tai-chi ou Tai Ji ? Chi gong ou Qi gong ? Qu’en est il des différences d’orthographes ?
Lorsque les occidentaux ont voulu transcrire le système des idéogrammes chinois en systèmes phonétiques et écrits lisibles pour leurs congénères ils adoptèrent plusieurs modèles de transcriptions.
le dernier en date fut le système Wade-Giles, parfois abrégé en Wade, qui fut donc la dernière romanisation du chinois mandarin.Il a été conçu d’après un système créé par Thomas Francis Wade au milieu du XIXe siècle et modifié par Herbert Giles dans son dictionnaire chinois-anglais de 1912 . Il a été le principal système de transcription dans le monde anglophone pendant la majeure partie du XXe siècle.
C ‘est de ce système que vient les orthographes « tai chi chuan » ou encore « chi gong » .
La république Populaire de Chine en 1958 ainsi que Taiwan en 2008 ont ensuite décidé d’officialiser leur propre système de romanisation du mandarin .
Ce système se nomme « Hanyu Pinyin » et c’est ce système qui produit l’orthographe « TaiJi Quan » ou « Qi Gong » et c’est ce système qui est adopté par l’Académie de kung fu des Aravis , a part pour l’expression « kung fu » qui a été tellement utilisée dans les médias occidentaux qu’il est devenu impossible de s’en passer pour décrire les arts martiaux chinois .
Aaaah cliché , quand tu nous tiens …et d’ailleurs a propos de cliché je poste ci dessous une video de compétiton internationale de kung fu qui elel aussi va faire sauter le cliché du combattant de kung fu poussant des cris hystériques à la bruce lee .
Le kung fu n’a rien a envier à d’autre arts martiaux pieds poings tels que la boxe Thai, j’en veux pour preuve cette video des championnats du monde qui ont eu lieu a Macao en 2003… boxe anglaise, projections, balayages, KO malgrés les protections ….
Synthèse :
Wushu, Tai chi et Qi gong ont des origines millénaires et sont issus de l’observation des phénomènes naturels ,et des animaux . Ils ont été synthétisés dans des écritures seulement il y a quelques centaines d’année
La philosophie qui est le bain de ces techniques martiales et de santé , c’est à dire la philosophie ancestrale chinoise, a été synthétisée par Confucius et Lao Tseu .
Pratiquer l’ensemble de ces techniques , c’est pratiquer un art martial , doublé d’un art de vie .
Le faire sous l’appellation « kung fu « , c’est y passer du temps avec une implication , un engagement fort .
